Le danger des interdits

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“Tu ne devrais pas consommer ceci, tu ne peux pas manger cela…”

Ces phrases vous disent sans doute quelque chose. Au gré des modes et parfois sous la pression de certains lobbies, les médias, les réseaux sociaux mais aussi peut-être votre entourage vous font penser que certains aliments seraient “interdits”. Retour sur une tendance qui n’est pas sans risque.

Visages dessinés sur des œufs
Photo de Nik sur Unsplash

La diabolisation des aliments

Aussi appelée “food shaming”, la diabolisation des aliments consiste à considérer que certains aliments, supposés néfastes à la santé, seraient interdits.

Attention, on ne parle pas, ici, d’aliments interdits pour raison médicale comme le serait le pain pour une personne allergique au gluten ou la charcuterie pour une personne au régime sans sel strict mais bien d’aliments volontairement exclus.

La liste des aliments bannis change au fil du temps, largement influencée par les tendances portées par les médias ou les réseaux sociaux et parfois issues de groupes souhaitant leur opposer des aliments soi-disant plus sains. Fait aggravant, certaines croyances ont la vie dure et se transmettent par le biais de l’éducation. C’est ainsi que beaucoup se privent d’œufs, par peur de faire grimper leur taux de cholestérol.

Ainsi au fil du temps, les aliments gras, les féculents ou encore le sucre ont été pointés du doigt. Perdues dans les injonctions alimentaires et voulant bien faire, certaines personnes en viennent à exclure totalement des familles entières d’aliments.

Quels sont les dangers ?

  • Le premier danger est d’être carencé. En excluant certains aliments, vous risquez de manquer de nutriments ou micronutriments essentiels au bon fonctionnement de votre organisme. Par exemple, si vous supprimez les aliments gras, vous allez vous priver d’acides gras essentiels (ceux que le corps ne peut synthétiser lui-même) mais aussi de vitamines A, D, E et K qui se trouvent dans les graisses…
Mélange de noix et amandes
  • De manière plus subtile et insidieuse, c’est surtout sur votre santé mentale que la diabolisation d’aliments peut avoir un impact. Vouloir à tout prix manger de manière saine, quitte à exclure des aliments, crée du stress et une forme d’anxiété. Si vous supprimez un grand nombre d’aliments jugés malsains, vous pouvez vous retrouver à ne plus savoir quoi manger. Ça peut être le cas lors d’une invitation. Vous vous sentez désemparé devant les choix qui s’offrent à vous.
  • Finalement, votre état mental se détériore. Vous pouvez alors trouver du réconfort dans les aliments gras et sucrés, souvent ceux que vous avez cherché à exclure. Le stress émotionnel est en effet souvent la cause des grignotages intempestifs.
  • Tout doucement, ce type de situation et le contrôle constant peut conduire à des troubles du comportement alimentaire : orthorexie, quand manger sain devient obsessionnel, anorexie, quand la volonté de maigrir toujours plus pousse au refus de s’alimenter, boulimie ou hyperphagie, quand s’enchainent les prises de nourriture compulsives et les comportements restrictifs compensatoires…
  • Sans aller jusque-là, interdire des aliments risque de vous conduire dans les régimes yoyo. Vous vous restreignez beaucoup (trop) en éliminant des familles d’aliments (souvent les aliments caloriques) et à un moment, quand ça devient impossible à tenir, vous avez des compulsions alimentaires qui vous font reprendre l’intégralité du poids perdu et souvent plus. En dehors du fait que vous avez un poids qui augmente sur le long terme, un fort sentiment de culpabilité s’empare de vous car vous pensez donner des aliments néfastes à votre corps. 

Sortir des interdits alimentaires

Si la consommation exclusive d’aliments industriels et ultra-transformés peut être problématique, en manger de manière ponctuelle reste possible et n’aura globalement pas beaucoup d’effet sur votre santé.

La première chose à faire, c’est d’oublier qu’il existe des aliments interdits. L’équilibre alimentaire se regarde sur une semaine. Ce qui compte avant tout, c’est de considérer votre alimentation dans sa globalité. Une alimentation saine et variée au long court ne sera pas impactée par un repas plus riche ou jugé malsain.

Lorsque vous prenez ce type de repas, n’oubliez pas le plaisir qu’il vous procure. Remettez de la conscience et profitez pleinement de chaque bouchée en vous disant que la nourriture n’est pas seulement un carburant pour le corps. L’occulter serait passer à côté de son rôle social et des notions de partage et de plaisir qu’elle véhicule.

Dans la mesure du possible, détachez vous du jugement d’autrui et faites confiance à vos ressentis. Ce que vous mangez vous fait-il du bien ? Prenez-vous du plaisir ? Comment vous sentez vous ensuite ? Au départ, ça peut être assez déroutant de se poser ces questions mais votre alimentation doit vous correspondre pleinement.

En dehors de tout contexte pathologique, il n’y a aucune raison de s’interdire quelqu’ aliment que ce soit. En somme, pour une alimentation équilibrée, l’idée est de manger de tout en quantité adaptée. La variété et la simplicité sont vos alliées mais le plaisir doit rester présent pour une vie épanouie.